384 pages, 35 illustrations, aussi disponible en version Kindle.
La science rate quelque chose de fondamental et totalement évident, mais qui change sa nature même: le cerveau qui fait la science. Je ne parle pas de la science du cerveau, mais du fait que le cerveau produit la science. En incorporant cette notion, un changement copernicien de paradigme s’opère dans notre description de la nature de la réalité. Sous ce nouvel éclairage, quantité de points mystérieux à ce jour s’expliquent. Ce paradigme, que nous appelons le cerveau intrinsèque, permet des interprétations nouvelles qui s’ouvrent sur une science de l’avenir. Si cette vision n’est pas vraiment nouvelle, à ma connaissance ses conséquences n’ont pas été jusqu’ici menées à leur terme. Si les notions d’objectivité et de vérité absolue disparaissent, le cerveau intrinsèque, lié à la méthode scientifique de Popper, donne une vision de la nature même de la connaissance, de sa génération et de sa transmission. Cette vision positionne l’homme dans l’univers. Entre insignifiants, comme nous désignent les théories cosmologiques, en nous situant sur une petite planète perdue dans l’immensité, et uniques, comme nous le ressentons au fond de nous-mêmes.
Sommes-nous des robots évolués? Sommes-nous des mécaniques comme les autres? La question se repose en cette époque où des milliards sont investis pour simuler mécaniquement le cerveau, la pièce manquante pour compléter le paradigme mécaniste qui nous gouverne.
EXTRAITS DU LIVRE
Deux processus sont à l’œuvre dans les mécanismes de robotisation: les raccourcis de pensée et la décomposition des tâches. Les raccourcis sont des sortes de fast-think du cerveau. Ils s’expriment le plus souvent sous la forme de slogans simples, tels que: l’heure c’est l’heure, ou si vous aviez lu attentivement, ou encore à chacun son travail. Ceux qu’utilise la publicité, par exemple, sont parfois effarants, plus le slogan est trivial et mieux il marche, plus on s’en souvient. Notre esprit se remplit progressivement de ces phrases creuses et des illusions qu’elles véhiculent pour construire sa réalité, nous évitant la fastidieuse lecture de Kant ou de Diderot. La décomposition des tâches est le processus qui nous permet de nous considérer uniquement comme un maillon dans une chaîne d’exécutants, un maillon qui n’a pas besoin de réfléchir à l’ensemble du processus et doit simplement se concentrer sur sa partie. Cette attitude n’est pas réfléchie, elle s’impose d’elle-même comme une émergence de la situation. Le système social s’auto-organise et cette organisation réserve une place à chacun. Et l’homme, préparé par les raccourcis de pensée, accepte cette auto-organisation et cette place de rouage. Deux phénomènes liés aux structures de fonctionnement de notre cerveau permettent les raccourcis de pensée et l’acceptation de la position de maillon d’une chaîne: la pression de conformité et la soumission à l’autorité.
Notre pensée et nos comportements sont extrêmement liés à l’environnement dans lequel nous nous trouvons, surtout dans la première partie de notre vie, avant que nous ayons assez profondément assis des idées qui nous seront propres et qui se stabiliseront. Dans un environnement donné, certains aspects de notre personnalité vont resurgir, alors que d’autres aspects ressortiront dans d’autres environnements. Nous avons besoin de situer nos pensées par rapport à celle des autres, cela nous amènera à adapter notre pensée et nos comportements aux différents groupes dont nous faisons partie. Notre besoin de nous intégrer va exercer une pression de conformité qui se manifeste par toute une série de compromis que nous faisons inconsciemment, pour ne pas déplaire aux autres et leur ressembler. À l’adolescence en particulier, le besoin d’intégration aux groupes est accentué et contribue à la construction de son identité propre. Si nous fréquentons souvent un groupe, nous finirons par adopter progressivement ses opinions, ses valeurs, ses habitudes, ses manières de penser et ses comportements. Ce phénomène s’impose à tous les niveaux. Il se résume par le dicton: dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es. Autant nous résistons à une pression si nous nous apercevons qu’une personne veut nous convaincre et nous faire changer d’opinion sur un sujet, autant nous ne nous méfions pas de la pression de conformité qui semble s’exercer librement et hors de notre contrôle conscient. Quoi que nous pensions, notre pensée nous paraît logique. Comme l’a fait remarquer Descartes dès l’introduction de son Discours de la méthode, le bon sens est une vertu dont chacun se tare. Mais, en plus fine analyse, notre bon sens va provenir de celui des groupes que nous fréquentons. Nous éprouvons la pression de conformité comme un besoin d’être respecté, apprécié, aimé ou intégré ainsi que sous la forme de mille autres sentiments raffinés.
La pression de conformité est une synchronisation, une harmonisation des idées, des choix et des comportements à l’intérieur des groupes. Pour qu’une synchronisation se produise, deux conditions sont toujours nécessaires: il faut qu’il y ait un canal de communication, c’est-à-dire une possibilité d’interaction entre les éléments qui vont se synchroniser et il faut qu’il y ait une certaine souplesse, même infime, dans les entités qui se synchronisent. La synchronisation est un phénomène physique extrêmement courant dans la nature, elle se produit pratiquement partout, mais curieusement elle était passée presque inaperçue jusqu’au milieu du siècle dernier
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